6 mois se sont écoulés. De belles choses se sont concrétisées dans ma vie
personnelle et familiale. Professionnellement la vie m’a invité à faire une pause
pour me recentrer en moi avec ce petit être en construction.
Aujourd’hui nous vivons en Yourte que mon mari a aménagée sur un terrain
partagé qui nous a été prêté en échange de prendre soin de la terre où nous
sommes.

Cette yourte nous a permis d’accueillir et de donner naissance à notre troisième
fille née le 22 juillet à 00h16. Un projet merveilleusement aboutit en famille.
En vous écrivant, je vois encore ma deuxième se lever et voir sa petite soeur
prendre sa première respiration. Quel cadeau et apprentissage de voir et de
ressentir le vivant dans son état originel.
Nous sommes aujourd’hui au complet.
Je ne sais pas si tu as déjà ressenti cela. Comme ci tout ton clan était là, arrivé au
bon endroit. Chaque membre de la famille est à leur place. En tout cas, dans mon
ventre de femme, je ressens cette fermeture douce et respectable de la création de
bébés de chair. Mon coeur est apaisé et calme.
Cette troisième fille m’a apporté tant d’ouverture et de guérison à l’intérieur de
moi. J’aimerais te partager l’une d’entre elles.
Si cela résonne en toi, tu peux me répondre, ça me fera plaisir de te lire à ce sujet.
Être une mère pour soi-même.

Ma construction s’est fait grâce au miroir de ma mère et de mon père et des
mémoires inconscientes de mes ancêtres. J’ai été reconnu et récompensé par le
don extérieur que j’offrais à ma famille. J’étais là pour les autres et au service des
autres. Étant une enfant hypersensible et connectée à l’inconscient, j’ai épongé et
soutenu les émotions que je percevais de ma famille. Mes parents ont toujours eu
de la difficulté à accueillir leurs émotions, alors j’ai refoulé et avalé nombre d’entre
elles pour ne pas faire de vague supplémentaire. J’ai été d’une grande adaptabilité
pour être une petite fille exemplaire par amour de ma famille.
Je peux dire aujourd’hui que j’ai joué la mère Thérésa. J’y ai pris goût, car c’est
comme cela que j’ai pris une place dans ce clan.
Je comprends aujourd’hui que cette construction est fondée par les mémoires
patriarcales de notre siècle. « La mère qui se donne pour les autres. »
Cette croyance judéo-chrétienne a vu sa limite dès lors que je suis tombée enceinte
de mon troisième enfant.
LOUVE, son prénom qui m’a été envoyé durant mon 6e mois de grossesse, porte
la médecine de la mère qui prend soin de la tribu.
Durant ma grossesse, je me suis occupée de mes deux autres enfants à temps plein,
car je leur offrais l’instruction en famille. Je me suis sentie très vite restreinte dans
ma capacité à être présente et à leur « donner » de l’énergie.
Comment pourrais-je prendre soin de mes enfants, si je ne sais pas prendre soin de
moi ?
La question s’est posée dans mon coeur.
Est-ce égoïsme de se nourrir soit même ou essentiel ?
Cela parait évident, mais malheureusement bon nombre d’entre nous, se sent
coupable de penser à nous.

Les voiles de l’illusion se sont dissipés, j’ai alors lâché, lâché et accepté que j’avais
besoin de réapprendre à me nourrir intérieurement pour prendre soin de mes
enfants. Devenir en quelques sortes une mère pour moi-même pour être une mère
pour mes enfants.
Je dis bien mes enfants, car je n’ai plus à être une mère pour d’autres personnes
qui ne sauraient pas prendre soin d’elle, pour rechercher une reconnaissance ou de
l’amour. Cette mère à l’intérieur de moi peut m’offrir cela.
J’écris ce discours autant aux hommes qu’aux femmes, car je parle de l’énergie
maternelle. Nous avons tous besoin de savoir comment prendre soin de nous et
comment se nourrir dans tous nos corps.
L’énergie maternelle écoute profondément les besoins, elle les respecte, les honore
et les célèbres.
Elle nourrit là où il y a besoin d’être nourri. Elle s’est comment nourrir et
comment mourir. Elle entend les rythmes et les cycles justes de la création et de la
destruction. Elle aime et accueille inconditionnellement.
Je suis sur le chemin tous les jours d’incarner cette vibration tellement belle et
aimante et essentielle.
Je suis en gratitude de déposer ces mots, comme pour tourner une page à ces
mémoires patriarcales. Elles ont fait porter aux Femmes tant de charges et de
culpabilité sur le dos de « la bonne mère », de « la bonne fille ».
Soyons avant tout à l’écoute de notre mouvement intérieur, c’est un cadeau pour
l’extérieur.
Nous n’avons même pas à donner à l’extérieur. Nous n’avons rien à donner.
Notre énergie vitale est un cadeau de la vie qui nous ai offert pour nous même au
service de la vie. C’est en étant dans notre corps que nous offrons tous
naturellement au monde. Nous avons besoin encore de rééquilibrer nos polarités
teintées de ces mémoires erronées.

Apprenons à nous nourrir et à prendre soin de nous, la Terre en sera nourrie.
Merci à la Mer, à la mer océan, fertile et créatrice.
Merci à la mère céleste aimante inconditionnellement.
Merci à la Mére-Terre nourricière et abondante.
Je suis mère, gardienne de la terre et je prends soin.
Aho. Julaïa

Julia Pernet-Solliet